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Liv Maria ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Julia Kerninon






  • Broché : 288 pages
  • Dimensions du produit : 13.5 x 2.4 x 18.4 cm
  • Éditeur : L'Iconoclaste (19 août 2020)





Liv Maria est une îlienne, avec ce que cela comporte de singularité, et de force sereine, atout qui disparait avec l’immersion sur le continent. C’est un événement traumatisant qui conduit la jeune fille à l’exil, hébergée par une parente à Berlin. La candeur de ses dix-sept ans en fera une proie facile pour le séduisant professeur irlandais lui aussi loin de sa patrie et de sa famille, à savoir femme et enfants…

Mille autres vies attendent la jeune femme, avant que le destin et la rencontre d’un homme la conduise sur une nouvelle  île, en Irlande, où le passé resurgira de façon inattendue.



J’ai beaucoup aimé le portrait évolutif de cette femme, que les coups du destin arment d’une cuirasse en apparence invincible. De la jeune fille à la femme mûre, le trait commun est la propension à se mentir, à l’abri derrière des oeillères que l’amour semble être la seule force capable d’écarter. 


Il semble qu’il soit plus facile de se tromper soi-même que de se cacher indéfiniment derrière une infinité d’alibis, au risque de tout dévoiler dans une moment de faiblesse.


Une île bretonne, Berlin, le Mexique, l’Irlande, c’est aussi le livre d’un voyage qui ressemble fort à une fuite.  Le voyage serait-il le remède au refus de son passé?


J’ai également beaucoup apprécié  le style de la narration qui donne au personnage une réalité au delà du romanesque  et la rend terriblement humaine dans ses fragilités et sa densité.




C'était sa vie. Au lycée, quand le conseiller d'orientation l'avait convoquée dans son bureau pour l'interroger sur ce qu'elle comptait faire plus tard, Liv Maria avait répondu : Pareil.

*

C'était comme s'il l'avait tirée jusqu'à lui au moyen d'une corde solide, comme si sa voix avait été un filin avec lequel il l'avait littéralement pêchée, amenée à sa portée, ses mots tels des leurres en bronze auxquels elle avait mordu à pleine bouche, affamée de mots dans la grande ville. Jour après jour, aveuglée par l'étymologie, rapprochée de la source de ses mots jusqu'à désirer poser ses lèvres sur les siennes d'où tout semblait jaillir.

*

C'était comme si son enfance avait été effacée, mais seulement en partie, comme une photographie brûlée à la flamme d'une bougie à des endroits précis, avec seulement son visage à elle qui subsistait sur les images, comme son visage d'enfant subsistait dans son visage d'adulte, avec la même étrangeté inexplicable. 

 








Julia Kerninon
est une écrivaine née en 1987.
Elle a publié "Buvard" (2014), roman qui reçoit de nombreux prix dont le prix Françoise Sagan, "Le dernier amour d'Attila Kiss" (2016), lauréat du prix de la Closerie des Lilas et "Une activité respectable" en 2017.

Elle obtient son doctorat en littérature américaine en 2016.

Elle revient à la rentrée littéraire de septembre 2018, toujours aux éditions du Rouergue, avec "Ma dévotion", un monologue sur la relation entre un artiste peintre et une écrivain. 

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