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Les Monstres ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ ❤️

 Charles Roux




  • Éditeur : EDITIONS PAYOT & RIVAGES (6 janvier 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 608 pages
  • Première sélection Prix Orange







C’est sur un rythme de valse, une valse diabolique, qu’évoluent nos trois personnages.


Toi, David, le commercial conquérant, le dragueur insatiable, qui refuse de voir les signes de fatigue  que les drogues diverses tentent de combattre. 

Vous, Alice, prof d’histoire, vieille fille aigrie, c’est vous qui le dites, qui passez vos soirées à modeler des formes approximatives dans de la terre glaise.

Et puis  Dominique, maître de la danse pernicieuse, chef d’orchestre d’une mutation promise.

Alors qu’un monstre terrorise la ville, chauffée à blanc par les médias surexcités, les destins convergent.


Il faut très peu de temps, pour se prendre au jeu ce tourbillon à trois temps, et ressentir pour ces personnages mis à nu puis disséqués une connivence qui vous scotche au récit, sans même ressenti une urgence à avancer vers la résolution. Car ils sont le prétexte d’une analyse aiguisée sur les dérives de notre époque.


De quel mal le monstre est-il la métaphore ? Qui est le monstre ? 


Une écriture envoutante, travaillée et efficace. 


Une construction maitrisée avec ces chapitres qui glissent habilement les uns après les autres. Une érudition sans ostentation, 


Un gros coup de coeur 

 


Plus fort que la radio, le cirque télévisuel a pris ses quartiers, au chaud et en studio. Il faut occuper le temps d'antenne et l'attention des cerveaux. Puisqu'on ne sait rien, on va faire en sorte qu'il y a tout de même quelque chose à raconter. On pérore, on spécule. On filme les agissements passés, on interroge encore et encore les victimes, on entend le micro aux voisins qui ont tout entendu même ceux qui dormaient sur leurs deux oreilles.

*



Puisque tout le monde se croit autorisé à donner son avis, les platitudes et les énormités s'enchaînent dans une ambiance de café du commerce. C'est vendredi, beaucoup seront en congé ce soir, alors personne n'a envie de gâcher la fête en s’opposant trop violemment aux dires des uns et des autres. L'air de rien, tu écoutes le tissu d’aneries débité en continu autour de toi :

 - c’est évident qu'il y a une puissance étrangère derrière ce monstre ! Cela n'est à de telles moyens.


*


Cauchemar

Rêve désagréable, le mot cauchemar provient du regroupement de deux termes d’ origine distinctes : calcare ( latin), qui signifie talonner, fouler aux pieds, et mara, qui dans le folklore scandinave désigne un esprit malfaisant connu pour s'attaquer à ses victimes pendant leur sommeil. En s'asseyant sur le buste des personnes endormies, la Mara les empêche de respirer.


*


Au coeur du dîner, Dominique se réjouit une nouvelle fois de l'efficacité de ses pouvoirs. Il n'y a qu'à faire un tour d'horizon des tables pour comprendre que les clients ont tous retiré leurs habits de mythomanes du quotidien. Débarrassés de leur peau mensongère, ils se livrent  l’un à l’autre avec une franchise absolue. Peu importe que cela amène certains à se déchirer, l'essentiel est que la vérité, même monstrueuse, triomphe.


*


* il contemple son enveloppe charnelle, engagé sur une pente dans la déclivité ne cessera d'augmenter. Il observe ses os fatigués et sa peau usée, ses organes en déliquescence mais bien planqués dans l'infini bazar de l'anatomie humaine. Le masque et les vêtements peuvent bien tromper les clients, mais pas lui qui sait qu’à l’intérieur  le vieillard a commencé de montrer le bout de son nez






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