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Narcisse était jaloux ⭐️⭐️⭐️

 Fabrice Chillet




  • Éditeur : Finitude Editions (4 février 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 128 pages
  • Première sélection Prix Orange








Court roman qui, de Paris à Tokyo en passant par la Bretagne, met en scène trois personnages : Julia, l’artiste peintre, Paul, son compagnon, ami d’enfance du  narrateur, Léo, mandaté pour écrire un papier sur la jeune femme. 


Séduit par la personnalité un peu abrupte de Julia, Léo tisse avec elle une relation particulière et ambiguë, faite d’un curieux sentiment de légitimité , qui exclurait Paul d’une relation amoureuse qu’il ne mérite pas . C’est à travers les œuvres de l’artiste qu’il construit un personnage, digne d’être aimé. Malgré tout, son amie japonaise n’est pas exclue de sa vie, même lorsqu’elle rejoint sa terre natale. Un séjour sur la côte bretonne achève de rapprocher Léo et Julia, jusque’à l’irruption de Paul. 


De l’artiste et de son oeuvre, le lecteur n’aura qu’un aperçu suggéré, par l’intermédiaire des émotions ressenties par le narrateur. D’autant que le but ultime de Léo, en Narcisse revendiqué, voudrait obtenir de Julia qu’elle se serve de lui comme modèle pour le premier portrait humain de son oeuvre.



Le roman navigue sur les eaux troubles des amours et amitiés fluctuantes, jamais éternelles, et aisément sacrifiées sur l’autel de sentiments peu honorables. 


L’écriture ne manque pas d’intérêt et réussit en peu de pages à dire l’essentiel.




Je me souviens que Julia était en retard. Par prudence, je m'étais installé au fond du Café de la Mairie, face à l'entrée, à l'écart des clients qui fumaient sous un barnum de toile rouge, en terrasse. J'avais rendez-vous avec une femme dont j'ignorais presque tout.

*

J'avais trouvé un livre chez Gibert. Jean Genet parlait de Rembrandt. « D'une certaine façon les œuvres d'art nous rendraient cons, si leur fascination n'était la preuve […] que cette paralysie de l'intelligence se confond avec la plus lumineuse certitude. Laquelle je n'en sais rien. » Cette lecture m'avait rassuré.

*

Mayumi est partie à la fin juin. Je l'ai accompagnée à l'aéroport. Nous avons échangé nos chagrins et puis elle a disparu. J'étais seul, partagé entre l'accablement et l'exaltation. Le vide laissé par l'absence de Mayumi et la liberté de me consacrer exclusivement à mon projet avec Julia.






Fabrice Chillet est écrivain et journaliste, c'est aussi un grand passionné de voile. 

 


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