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Un fils sans mémoire ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Valentin Spitz




  • Éditeur : Stock (17 février 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 200 pages
  • Sélection Prix Orange






Comment se crée une légitimité lorsque tout porte à croire que l’on existe pas, puisqu’exister c’est s’identifier dans le regard des autres ? Ce sont les autres qui vous inscrivent dans une histoire, une lignée.


Or l’ironie du sort a voulu que cette demande obsessionnelle d’une reconnaissance de son père (même si elle existait sur les papiers) s’adressait à un homme connu et même célèbre pour l’aide qu’il pouvait apporter à un grand nombre d’enfants de tous âges et spécialement les ados, puisqu’il s’agit du Doc de fun radio !


Le premier combat et non des moindres fut celui du nom de famille , utilisé depuis toujours en pratique mais ignoré des services administratifs : quête laborieuse, course d’obstacle ressentie comme injuste : 


« Pourquoi mes parents n’ont-ils pas, une fois leur longue guerre judiciaire achevée, régler les choses ? Pourquoi est-ce à moi de me battre une nouvelle fois pour porter ce nom officiellement ? Pourquoi dans cette famille rien n’est simple ? »


L’accueil dans la famille recomposée, les innombrables attentes d’un père qui ne vient pas, l’absence d’échanges, les questions sans réponses, émaillent cette enfance presque fantomatique. Mais l’enfant puis l’homme sont pugnaces et plutôt que d’abandonner cette lutte, Valentin cherche à comprendre. En s’interrogeant sur les racines de ce problème de communication massif, que ne laissent pourtant pas apparaitre les interventions radiophoniques du célèbre Doc ! Et ce qu’il découvre dans l'histoire familiale peut expliquer les choses. 


Ce qui est très fort, dans ce livre, c’est la détermination, non pour pardonner, mais pour que le cours de l’histoire familiale se modifie. Pour que les erreurs soient reconnues mais surtout pour que le  lien se fasse malgré les impasses relationnelles. Le père fut absent, soit. C’est cette absence qui contribue à la reconstruction.


« Il m'a construit de son absence ; il n'existait pas, alors je l'ai écrit. C'est parce qu’il n’existait pas que j'écris. Malgré lui, il m'a appris à faire cesser le silence, à ne plus « fermer sa gueule ».


Magnifique combat d’un fils, qui s’est obstiné à se faire une place dans sa famille. 



Ce petit garçon-là gardait de 1997 cette infâme  pensée : il n'avait pas sa place dans cette famille. On ne le reconnaissait pas. Le fil aurait été rompu à tout jamais s'il n'y avait pas eu dans cette histoire un adolescent, Joseph, mon petit frère.


*


Avec lui, j'avais le sentiment d'en faire partie. Nous étions les mêmes. Les problèmes qu'il me racontait avoir avec notre père était comme un miroir, et soudain je me suis dit que celui-ci ne pouvait pas faire autrement avec personne.


*


J'ai dit, enfin j'ai pu lui dire dans ce café, ce sentiment que j'avais eu d'être un mauvais petit garçon de ne pas avoir de place dans l'étrange relation entre mes parents, d'être l'objet de quelque chose qui ne s'était pas réglé entre, entre ces deux adultes dont au fond je n'aurais rien eu à savoir.


*


Mais mon père m'a appris à écrire et à écouter. Il m'a appris à entendre ce qui ne peut se dire, ce qu'il y a derrière, au-delà des mots, le bruit sourd du manque. Il m'a construit de son absence ; il n'existait pas, alors je l'ai écrit. C'est parce qu'il n'existait pas que j'écris. Malgré lui, il m'a appris à faire cesser le silence, à ne plus fermer sa gueule.







Valentin Spitz, diplômé d’histoire, a travaillé à France Inter, Direct 8 et RTL. Après avoir été journaliste à RTL et Europe 1 et I-Télé de 2007 à 2016, il a été chroniqueur dans La Nouvelle Édition de 2016 à 2017 où il réalisait des portraits.
Il est, depuis, devenu psychothérapeute.


(Source Babelio)








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