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Lorsque le dernier arbre ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Michael Christie 




  • Éditeur ‏ : ‎ Albin Michel (18 août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 608 pages
  • Traduction (Anglais) : Sarah Gurcel









C’est sur plus d’un siècle que s’étend le roman Lorsque le dernier arbre, sur plus d’un siècle d’abattage intensif des ressources sylvestres, synonymes de profit immédiat. 


Lorsque l’on fait la connaissance de Jake, guide sur un îlot encore partiellement boisé de magnifiques pins d’Oregon très anciens, la menace se fait de plus en plus évidente, l’homme a eu la main trop lourde et les dégâts n’en finissent pas de se manifester comme une punition, une ardoise à payer de plus en plus sévère.


A partir de  Jake, le temps se prend à défiler à l’envers, la génération précédente  puis  de chapitre en chapitre, on est convié à l’exploration de la famille  jusqu’au couple improbable à l’origine de la lignée.


Les présentations à rebours étant faites, la machine à voyager dans le temps reprend son sens habituel et l’on revivra chaque époque pour compléter l’histoire.


En toile de fond, ces forêts, que certains détruisent quand d’autres tentent de les protéger, sont des personnages à part entières, avec qui l’on souffre lorsqu’ils sont mis à mal, et ce d’autant que nous le devons l’air pur nécessaire à notre survie.



Formidable saga écologique, que l’on déchiffre comme on lit le destin d’un arbre sur les lignes que révèlent sa coupe, c’est aussi un hymne à la nature, et une fresque historique grandiose. 



Un grand moment de lecture .




Pourquoi est-ce que les riches veulent toujours racheter aux pauvres les rares choses qu'ils leur ont laissées ? Est-ce pour leur rappeler que rien n' est vraiment à eux, jamais ?

*

Sans les journaux et le papier, Greenwood Timber aurait déjà sombré. Harris fournit tous les périodiques canadiens et la moitié de l'édition américaine. Mais il sera bientôt obligé de réduire en pâte à papier des arbres qui, jadis, auraient servi de colonne vertébrale à des palais, ce qui, pour un homme du métier, revient à faire des saucisses avec un filet de choix. Tout ça pour que les gens puissent faire leurs mots croisés d'idiots et lire des romans de gare.

*

Harris aime la poésie, c'est pour cette façon qu'elle a de "prendre" dans sa tête comme du ciment, contrairement aux éphémères feux d'artifice des romans 
qui disent d'interminables histoires sur des familles et des gens qu'il ne connaîtra jamais.


*

Il sait que les arbres utilisent souvent les oiseaux et les écureuils pour répandre à leurs graines, et aussi toutes sortes de choses qui volent au loin, comme les hélices et les bourres de coton. C'est ainsi que fonctionne une bonne partie de la Création : les êtres vivants envoient des versions  d'eux-mêmes dans le grand mystère du futur.

*

Que sont les familles, sinon des fictions ? Des histoires qu'on raconte sur certaines personnes pour certaines raisons ? Comme toutes les histoires, les familles n'existent pas, elles sont inventées, bricolées avec de l'amour et des mensonges et rien d'autre.






Michael Christie est un écrivain canadien. 

Le premier recueil d'histoires, "Le jardin du mendiant" ("The Beggar's Garden") figurait parmi les finalistes du Prix Scotiabank Giller 2011 et parmi les finalistes du Rogers Writers' Trust Fiction Prize 2011.

Il revient en 2021 avec "Lorsque le dernier arbre", lauréat du Arthur Ellis Award for Best Novel. 


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