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Proust in love ⭐️⭐️⭐️⭐️

 









Cet essai n’usurpe pas son titre. William C. Carter y explore en effet les multiples facettes de la vie sentimentale de Marcel Proust, aussi complexe que sa syntaxe, aussi mystérieuse parfois (tout n’est pas clair). Les propos sont étayés sur les témoignages et sur les écrits prolifiques que nous a laissé l’auteur de A La Recherche du temps perdu, à travers la correspondance plus ou moins officielle, mais surtout l’oeuvre littéraire, le roman unique qui nous livre de nombreuses pistes pour comprendre sa personnalité.


Mais cela nécessite un travail d’analyse méticuleux et une connaissance approfondie des personnages  décrits, et ce travail de détective et de fin limier nous est livré sur un plateau par William C Carter. Par des allers et retours incessants de la vie à l’oeuvre, peu à  peu l’écrivain livre ses secrets les plus intimes. 

Plusieurs centaines de  personnages sont évoqués dans la Recherche et les principaux hériteront pour beaucoup de rôles qu’auront joué de véritables amis et amours de Marcel. L’entourage proche est une source inépuisable d’inspiration, avec cependant une complexité destinée à brouiller les pistes. Un personnage pourra être le résultat d’une chimère réunissant plusieurs personnes réelles.


On y côtoie le milieu littéraire du début du vingtième siècle, Morand, Gide, Cocteau, les frères Goncourt, ainsi que des futurs grand noms de la musique.


Il est sans doute nécessaire d’avoir parcouru les 2000 pages  de l’oeuvre pour apprécier l’essai, qui est très accessible sur le plan de l’écriture mais sans doute peu parlant quand on n’a pas la moindre idée de qui est le Baron Charlus ou Robert de Saint Loup.


Les inconditionnels de Proust y trouveront sûrement leur bonheur.


Merci à Babelio et aux éditions Armand Colin


283 pages Armand Colin Avril 2022

Masse critique Babelio









Le Narrateur, désormais obsédé par l'alchimie destructrice du temps, rappelle pourquoi le corps d'un être aimé contient le pouvoir de nous faire de la peine jusqu'à ce que la mort est le temps accomplissent leurs tâches, en nous laissant plus qu'en présence des souvenirs qui peuvent être recueillis et conservés dans les pages d'un livre.


*


On voit dans cet épisode, comme bien d'autres occasions dans le roman, que les désirs de l'auteur, c'est privation, son inadéquation sexuelle ont fait l'objet d'un transfert sur le Narrateur. Au fur et à mesure le roman progresse, plus il apparaît de plus en plus clairement que Proust s'est déchargé sur son double fictif d'une bonne partie de ses fardeaux, de ses mots, y compris de la neurasthénie qui  affaiblit et déprime sur son héros.








William C. Carter, professeur émérite de français à l’Université d’Alabama est le spécialiste de Proust aux États-Unis. Proust in love est le premier de ses ouvrages traduit en français.

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