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Les Orphelines du mont Luciole

 Isabelle Rodriguez












Avec ce  titre attractif, on est tenté de faire le voyage. Au coeur d’une région française, où une usine faisait vivre toute une population, dans un petit village, Pauline nous raconte ses obsessions enfantines. L’orphelinat déserté suscite maintes questions, pas toujours élucidées, laissant le champ libre à des constructions imaginaires. Il semble certain cependant, que les fillettes qui ont vécu derrière ces murs encore visibles ont été décimées par l’épidémie de grippe espagnole du début du vingtième siècle. 

Tout aussi légendaire pour la population locale, le château que Pauline s’est juré de posséder un jour. 

Les recherches sur le destin des fillettes qui hantent l’esprit de Pauline sont autant de portes ouvertes sur ses propres origines, et en particulier sur son ascendance espagnole, funeste coïncidence en regard de l’intitulé de la maladie qui a fauché tant de vie.


Nostalgie d’un temps passé, conscience du temps qui passe et détruit toutes illusions d’éternité, souvenirs d’enfance fracassés sur les velléités de modernité d’un décor, le récit est assez sombre, malgré la volonté de rendre compte de l’état d’esprit d’une petite fille rêveuse. 



Tout cela constitue un terreau fertile et un noyau intéressant pour dresser une intrigue attractive. Cependant, on se noie un peu dans les digressions, on peut s’agacer de nombreuses répétitions qui ne semblent pas destinées à insuffler une forme poétique au récit. Je m’y suis perdue en route et je l’ai beaucoup regretté. 


208 pages Les avrils 4 janvier 2023








Il faut vieillir soi-même, pour comprendre ce que c'est de passer, de passer en même tant que passe le temps, au rythme des tours de planète, pour comprendre que les vieux ne sont pas nés vieux,  pas nés pour être juste vieux dans nos histoires à nous, qu'ils ont eu la jeunesse, nous l’avons un instant, que la jeunesse passe sur nous, nous délaye, nous fripe, que nous devenons vite des corps en train de se noyer.


*


Mille fois je viens, m’allonger sous les arches de ronces,  et laisser le monde faire sa course, le laisser faire ses tours de soleil ou le soleil de faire son tour de nous, on nous dit un tour s’appelle révolution, on nous dit la guerre, peut-être une révolution ou la révolution devenir une guerre, mille fois je viens sous les ronces songer à cela,  à ce qui nous gouverne et qui est invisible, qui me gouverne moi, le besoin de venir là, observer ce que les jours font  mon corps, ce que les jours laissent naître et fleurir en moi, creusent comme absence et promesses, observer les échos du travail de ces jours au plus profond de ce qui est moi, et me fait, sans pour autant pouvoir mieux en saisir les contours.







Isabelle Rodriguez est née en 1982. Elle est diplômée de l’École supérieure des Beaux-Arts de Nîmes et du master de création littéraire du Havre. Dans son travail de plasticienne, elle construit des récits sur des personnages oubliés de l’histoire à partir d’objets et d’archives. Depuis quelques années, elle est retournée vivre près de Lyon et a choisi pour atelier une fabrique d’écrins désaffectée.


 

2 commentaires:

  1. Cela aurait pu vraiment me plaire mais s'il y a des répétitions, je risque d'être déçue par cette lecture... je verrai quand même au cas où car le sujet est intéressant.

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