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La Vénus au parapluie ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Thibaud Gaudry











C’est léger, drôle, émouvant parfois, assez pour se démarquer de la morosité ambiante des sujets phares de cette rentrée littéraire. 


Histoire d’une rencontre improbable qui va illuminer  la vie quotidienne  du héros, dont on sait finalement peu de choses, hormis sa passion pour le cinéma américain et sans doute pour Paris, qu’il décrit avec beaucoup d’admiration, d’autant que la ville se colore des teintes chaudes de l’amour.


De salles obscures en ponts franchis,  entre eux rode pourtant le spectre de la perfide Albion qui a donné le jour à un rival tapi dans ses brouillards londoniens. 


Thibauld Gaudry ne se prive pas du plaisir de jouer avec les mots, et s’il en manque, d’en inventer de toutes pièces pour coller à la situation ou au sentiment qu’il veut décrire : 


« Il aurait pu se genekellyser sur le champ, sauter dans les flaques, enlacer des réverbères » 


Les multiples questions qu’il se pose sans cesse font preuve d’une naïveté touchante.


« Etait-il raisonnable de comparer une femme à la Vénus de Boticelli lors d’un deuxième rendez-vous ? »


Quant à la haine ancestrale pour les anglais, rehaussée d’un rejet pour cause de concurrence amoureuse, elle est réjouissante : 


Franchement ces anglo-saxons, ils y connaissaient quoi en muse boticellienne ? Pouvait-on à la fois être un esthète éclairé et aimer la gelée d’anguille et les harengs fumés ?


J’ai vraiment apprécié la fraicheur de ce premier roman, qui fait preuve d’un amour et d’une maitrise de la langue remarquable.


Merci à Netgalley et aux éditions Buchet-Chastel.


173 pages Buchet Chastel 24 Août 2023

#LaVénusauparapluie #NetGalleyFrance










Pour lui, la passion ne souffrait pas la distance, même si Stendhal, venant à passer par là,  lui aurait rétorqué que, bien au contraire, elle l’attisait et la décuplait. Ce à quoi, il aurait sans doute répliqué, Henri, va te faire cristalliser.


*


Et parfois la beauté ne prenait même pas la peine de se dissimuler. Elle fleurissait au grand jour. Son visage était imprimé partout. A la une des magazines placardés sur les kiosques à journaux, sur les flancs des bus qui passent, en grand format sur les colonnes Morris et dans les stations de métro. Et parfois même dans la forme des cumulonimbus.


 





Après s'être livré à moult activités, ramasseur de feuilles mortes en Bourgogne, plongeur à Londres, postier à Barbès, avoir tenté d'inculquer les plaisirs de la lecture et de l'écriture à des milliers d'enfants sur une île bretonne, s'inoculant lui-même le virus par mégarde, Thibaud Gaudry se cache depuis bientôt 20 ans dans un studio de radio en Provence. 

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