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Sauvage ⭐️⭐️⭐️

 Julia Kerninon











Ottavia est passionnée. La fougue qui la maintient année après année, depuis sa plus tendre enfance se traduit par une créativité et un acharnement sans trêve autour de ses fourneaux. Après avoir vécu dans l’ombre de la célébrité de son père, lui aussi chef, la jeune femme s’est construit une réputation et les clients le savent. 


Le revers de la médaille affiche une autre histoire. Celle d’un premier amour, répudié lorsque la pression de démons artificiels l’a rendu invivable. C’est ensuite une furtive rencontre avec Clem, qui lui a donné une adresse à Paris avant de s’envoler brutalement vers la France, où elle le retrouvera au cours d’une rencontre éclair C’est finalement Bensch, un critique culinaire réputé qui est tombé sous le charme et est devenu le père de ses trois enfants. Mais le souvenir de Clem la hante.


Le feu qui anime la narratrice est de ceux qui ne s’éteignent pas  et qui incendient tout sur leur passage. Elle vit sans concession, et épuise son entourage. C’est aussi ce qui est à l’origine des passions qu’elle déchaine. 


L‘ambiance est ardente dans ce roman qui mêle la cuisine italienne dans ce qu’elle a de plus séduisant, et les amours complexes de la jeune cheffe. La chaleur des âmes et des fourneaux s’incarne sous les traits de l’héroïne tout feu tout flamme.


Une écriture travaillée mise au service d’une histoire plaisante


300 pages Iconoclaste 17 Août 2023







Si il n'y avait pas eu la cuisine, on aurait peut-être le temps de se regarder, de se voir, de s’aimer, d'être doux, mais on était écrasés sous les poulpes, sous la farine de maïs, sous les ustensiles de bois, le lait de foin, les artichauts, le vin rouge clair, les coups, les coupures, les verres de cristal, les cris, les promesses, les brûlures, sous les paumes poisseuse de sang de poisson, la cire de bougie, les fruits sûrs, les problèmes d'agenda, les problèmes de fournisseurs, les accidents, les ambitions, les échardes, les meringues, les ampoules infectées, les nuits blanches, les cerises confites, les notes griffonnées au stylo bille sur du papier journal, les couteaux aiguisés. On ne s'en sortait pas. Quel avenir nous attendait ?


*


Nous ne venons pas à la littérature pour nous y sentir familier, mais, au contraire, déplacés. Nous venons écouter une histoire, et nous attendons que les mots soient agencés selon un ordre nouveau. Des sujets, nous ne manquerons jamais, ou bien nous en manquerons toujours, c'est une question de point de vue seulement, mais la littérature compose avec les lettres, une ordonnance, la syntaxe. C'est de ça qu'il est question, et je ne voudrais pas qu'on l’oublie. Il n’y en a rien de prosaïque. Il y a les mots posés les uns après les autres, patiemment, cherchant la justesse.

*


C'est Néron qui a inventé le sorbet. De la neige au miel, et on sera jamais exactement combien d'esclaves sont morts d'épuisement pour ça.




Julia Kerninon


Julia Kerninon est une écrivaine française née en 1987.


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Buvard

Liv Maria

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