Abonnés

La dernière place ⭐️⭐️⭐️⭐️

Negar Djavadi  












C’est un coup de gueule, un cri de révolte qui anime les pages de ce récit personnel. Souvenez-vous, en janvier 2020, avant que ne déferle la pandémie qui a relégué le reste de l’actualité au rang d’anecdotes  : de Téhéran un avion décolle avec 176 personnes à son bord. Quelques minutes plus tard, il s’écrase. Aucun survivant. C’est cet avion que Niloufar, la cousine de Negar Djavadi, avait pris pour retourner au Canada où elle vivait. Disparue, alors qu’elle devait partir trois jours plus tôt. Un coup du sort ? Certes, mais pas uniquement, puisque l’enquête prouvera que ce crash n’était pas un accident.


Au delà du chagrin, la révolte est immense.Cet accident est pour l’autrice le signal déclencheur d’un ras-le-bol, d’une prise de conscience et d’une volonté de rébellion qui a amené, avec la mort de Mahsa Amini, le peuple à descendre dans les rues au péril de leur vie. 


Ce récit nous plonge dans l’histoire récente de l’Iran, de la dictature du shah à celle des mollahs, avec pour corollaire  un peuple pris en otage, et une totale négation de la valeur d’une vie.


Negar Djavadi dit aussi l’amour qu’elle éprouve pour ce pays qui représente ses racines et son désespoir de le voir considéré comme un enjeu politique entre els grandes puissances avides de profit et l’aveuglement des fous qui le gouvernent.


C’est parfois un peu complexe, mais la langue reflète bien la rancoeur éprouvée vis à vis de ceux qui ont détruit l’harmonie d’une famille à présent dispersée à la surface du globe. 


320 pages Stock 23 août 2023







Avec le temps, le malentendu creusé est d'une violence telle qu'il faudra sans doute des années –l’apport salutaire d'historiens et de chercheurs pour s'affranchir de tous les récits officiels– avant qu’un jour le regard porté sur l'histoire contemporaine de ce pays cesse d'être parcellaire, subjectif et englué dans des passions partisanes 


*


C'est (tout) ce que la littérature peut faire pour lutter contre la mort. Imaginer d'autres possibles. Réorganiser le récit de ce départ pour l'empêcher d'avoir lieu, ou lui inventer une fin rocambolesque.


*


L'objectif d'un tel système, qui a pour nature la terreur et pour principe l’idéologie, et de donner l’impression aux individus d'être inutiles. De trop. Une simple variable d’ajustement.


*


Naître dans un pays comme l'Iran, ou bien dans n'importe quel pays où règne la dictature, la corruption ou la guerre, c’est être à jamais pris au piège d'un système qui charrie volontairement du malheur, drame sur drame, morts sur morts, pour porter le chaos jusqu'à la moelle épinière et anesthésier toute tentative de le renverser.



Négar Djavadi



Négar Djavadi est une scénariste, réalisatrice et écrivaine, née en 1969.

En 2016, elle publie son premier roman "Désorientale" qui rencontre rapidement le succès. Négar Djavadi reçoit pour ce roman de nombreux prix dont le Prix du Style 2016 et le Prix du Roman-News 2017.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Article le plus récent

L'âge du capitaine ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Articles populaires