Angélique Villeneuve
Au début du vingtième siècle, la petite Henni se réjouit de la charge récente qui lui incombe : elle a un bébé à elle. Autrement dit, on lui confie la garde de son dernier petit frère, comme sa soeur aînée a pu avant elle avoir la charge de deux enfants dans ce foyer juif au coeur d’un ghetto. L’amour qui lie cette famille reste assombri d’une menace permanente. Malgré la bienveillance et l’optimisme du père, l’intranquilité est sous jacente.
Viendra le moment de l’intrusion, dont il est assez difficile d’établir les faits. On sait cependant qu’Henni passera une nuit d’angoisse et de froid dans une briqueterie non loin de là, en compagnie de son frère et de sa soeur.
L’enfant reviendra au village, tentant de comprendre ce qui s’est passé.
Le roman se lit à travers les yeux et les pensées d’Henni, sans pour autant reproduire la vision naïve d’un enfant. Il en résulte un flou sur les faits et il est difficile de comprendre le raisonnement de la fillette. Le récit s’abrite derrière une très belle écriture, mais met à distance ce qui devrait atteindre nos émotions, puisque l’on comprend entre les lignes que personne n’a survécu au massacre.
J‘avais beaucoup aimé La belle lumière. J’ai toujours une grande admiration pour le style même si je n’ai pas été complètement conquise cette fois.
210 pages Le passage 24 août 2023
Avrom surpasse de mille verstes la majestueuse machine à coudre, apparue à l'automne, les gâteaux aux oeufs de Macha, la rivière, à toutes les saisons, les phrases les plus rouges et les plus brillantes. Il fait grandir de l'intérieur celle qui en a la charge, provoquant dans la tête et dans tout le corps, l'apparition secrète, d’éclats lumineux et sonores. Avrom est le trésor d'Henni. Avrom est le cœur étincelant de son cœur.
*
Ils étaient deux.
Deux, bruns et couverts de boue jusqu'en haut du poitrail. Leurs poils étaient si longs et frisés, qu'ils n'avaient pas d’yeux sur la tête, ou simplement des oreilles pointues, rabattues en arrière, ou dressées, une gueule ouverte, et une langue molle comme une tranche de foie. Parfois, la scène se recompose malgré elle, sous les yeux d'Henni, et les deux chiens ne sont plus frisés, mais lisses. Au contraire, leur pelage surnaturel, enduit d’un beige, irisé. Leurs yeux absents sont apparus, immenses, luisants et rouges. Cette paire-là est encore pire que l’autre.
Angélique Villeneuve a vécu en Suède et en Inde et réside en banlieue parisienne aujourd'hui.
Elle a publié 8 romans, dont La Belle lumière, est paru en 2020 aux éditions Le Passage. Maria (Grasset), a été récompensé en 2018 par le Grand prix SGDL de la fiction. Les fleurs d'hiver, sorti en poche chez Libretto, a obtenu 4 prix. Nuit de septembre (2016) est le récit de deuil qu'elle a écrit peu après la mort de son fils.
bonjour, Je suis désolée que les émotions d'henni ne soient pas venues jusqu'à vous, mais je vous remercie beaucoup de votre billet. Toujours heureuse que tous les avis puissent se dire! merci!
RépondreSupprimerBonjour Angelique
SupprimerMerci pour votre message , je n’ai pas osé vous en parler hier lorsque nous étions côte à côte pour écouter Fabcaro, car j’ai été tellement déçue de ne pas réussir à m’accrocher alors que La belle lumière ! Merci vraiment pour cet échange
ah mais vous auriez dû! J'espère que nous aurons l'occasion de nous recroiser.
Supprimer