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A pied d'oeuvre ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Franck Courtès 











Quelle mouche a piqué le narrateur lorsqu’il a volontairement abandonné sa carrière  de photographe, non seulement lucrative, mais aussi aboutissement d’une passion de jeunesse ? Pour le savoir il faut se référer au précédent roman, La dernière photo. Ici, ce sont les conséquences de ce choix délibéré qui sont déclinées en une sorte de descente aux enfers. 


Si le projet de base était de consacrer désormais son temps à l’écriture, le narrateur découvre avec une certaine naïveté que le passage de l’écrit à la publication est un gouffre surmonté d’une passerelle étroite et instable, que peu franchissent au premier essai. 


Mais il faut bien vivre, se nourrir, se loger …et donc trouver des solutions pratiques pour ne pas se retourner à la rue. Les petits boulots, au noir, puis via des plateformes qui ont de nombreux points communs avec les esclavagistes d’un passé historique bien connu, encore plus machiavéliques parfois puisqu'elles maintiennent  l’illusion d’une bouée de sauvetage. La précarité, ça s’entretient !


C’est ainsi que cet homme, pour qui il n’était pas vital de consulter l’état de son compte en banque avant de procéder au moindre achat, découvre la valeur d’un billet de vingt euros.


La solidarité est en équilibre avec la concurrence, de belles rencontres peuvent advenir mais aussi de cruelles déceptions. 


Pas de révolte amère, dans ce texte, au contraire, l’auteur veut y apporter de la légèreté et de l’autodérision. Malgré tout, c’est un focus sur le monde de la pauvreté, des pièces tendus au nom d’une allégation d’assistance. 


J’ai beaucoup apprécié ce témoignage, sincère sans être désabusé. 


192 pages Gallimard 24 août 2023







Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié, ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n’augure d’aucune fortune.


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Demain, je n'écrirai pas. Un lien unit ma main ouvrière à ma main artistique. Mes mains d'œuvre. Je ne peux épargner l'une sans condamner l'autre. En moi, l'ouvrier nourrit l'artiste et l'artiste contraint l’ouvrier.


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Dans la méthode de travail de la Plateforme, l'usage généralisé des prénoms augure de même un rapport humain, réduit à sa plus stricte utilité, un rapport vidé de contexte, de toute possibilité de sensibilité.


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L'emprunt fallacieux à l'univers amical, s'inspire aussi de ces publicitaires recourant à l'imagerie fermière et rustique, tantôt une meule de paille, tantôt une nappe à carreaux, dans le but de vendre son contraire : les produits industriels hors-sol.


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Si le patronat des années 60, aux méthodes autoritaires grotesques semble être en face de disparaître, que dire de leurs enfants, inventeurs d'un management à la convivialité hypocrite, implacables tyrans en baskets ?



Franck Courtès


Franck Courtès est né à Paris en 1964 et partage son temps entre ville et campagne. Il est photographe indépendant.  


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