Cécile Pin
Des embarcations de fortune aux premiers pas sur une terre étrangère, en passant par les camps de transit, le voyage est une lutte perpétuelle pour la survie et une blessure indélébile qui donnera une teinte grise à l’avenir, même porté par les promesses faites aux disparus.
La guerre du Vietnam a initié ces traversées de tous les dangers, obtenues pour des sommes considérables, pour fuir une mort certaine dans le pays d’origine. Après une première étape à Hong-Kong et déjà la découverte du pire, Anh et ses deux jeunes frères vivent l’exil et ses déconvenues. L’Amérique tant convoitée restera un rêve finalement rejeté, et c’est en Angleterre que la vie suivra son cours.
A la manière de cette photo d’une petit garçon échoué sur une plage de Méditerranée, les mots qui construisent le récit créent une proximité avec les victimes de ces drames, que malheureusement leur fréquence et leur évocation entre d’autres faits divers ont banalisé. A travers le destin tragique de la famille d’Anh, c’est à chacun des émigrants que l’on rend hommage.
« Savoir permet de se souvenir, et se souvenir c’est rendre hommage, je veux que tous les morts soient honorés . Je veux des monuments, des statues, des poèmes en leur mémoire. Je veux des podcasts, des séries documentaires en dix épisodes, je veux notre Apocalypse Now à nous. »
Entre les chapitres de l’histoire familiale, la parole superbement est donnée aux âmes errantes, perdues sur le chemin, et à qui ce récit rend hommage.
Pour inscrire le roman dans le contexte, l’autrice intercale également des extraits de reportages ou des documents officiels qui attestent de la réalité de ce que l’on lit.
Triste et nécessaire, à la fois pour se souvenir d’un passé pas si lointain mais ne pas oublier que le sujet est encore et toujours d’actualité.
Merci à Netgalley et aux éditions Stock.
288 pages Stock 23 août 2023
Traduction : Carine Chichereau
#Lesâmeserrantes #NetGalleyFrance
Cécile Pin a grandi à Paris et à New York.
Elle a déménagé à Londres à dix-huit ans pour étudier la philosophie à l'University College de Londres, suivie d'une maîtrise au King's College de Londres. Elle écrit pour Bad Form Review et est lauréate des London Writers Awards 2021. Son premier roman Wandering Souls a été sélectionné pour le Women's Prize et sera publié dans onze territoires en 2023.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire