Charlie Gilmour
Tout commence par le sauvetage d’un oiseau, un mal-aimé chargé d’une image de malheur imminent, à la fois familier et ignoré. C’est un bébé pie qui a raté son envol et qui se retrouve aux bons soins de Charlie et de Yana. L’obstination de ses sauveteurs paie, l’oiseau survit et s’installe sans vergogne dans la demeure du couple, ne manquant pas de laisser un peu partout la trace de sa digestion efficace. Sans compter le bruit, les réveils matinaux et les innombrables larcins ou destructions ! Mais l’attachement porté à l’oiseau pèse plus lourd dans la balance que ce bouleversement de leur vie domestique. Il est hautement probable que la lecture de ce roman modifie à tout jamais notre regard sur cet oiseau noir et blanc si commun autour de nous.
Benzène, la pie, serait-elle un enfant de substitution pour Charlie qui a du mal à se prrojeter dans le rôle d’un potentiel père, lui qui a été élevé par un père de substitution, qui a parfaitement assumé son rôle, Alors qu'Heathcote Williams, son père biologique vivait sa vie de poète et de saltimbanque, peu enclin à créer des liens, fussent-ils seulement amicaux avec ce fils abandonné ?
Outre la réhabilitation de l’oiseau de malheur, grâce à ce que nous apprend le roman sur ses moeurs et son histoire, Premières plumes est un roman dont l’inspiration est largement puisée dans la biographie du narrateur. L’oiseau qui colonise les pages est un formidable terreau pour se questionner sur la paternité.
Si l’on étudie de plus près l’origine des personnages du récit, on se rend compte de leur célébrité. Ce dont ne fait pas du tout étalage Charlie, se contentant de prénommer celui qu’il nomme son père juste par son prénom. De quoi balayer immédiatement l’hypothèse d’une tentative de racolage d’un enfant qui voudrait tirer parti de la célébrité de ses ascendants…
Ce roman a reçu un bel accueil au Royaume-Uni, il a les qualités pour être aussi un succès dans les pays où il a été publié après traduction.
Merci à Netgalley et aux éditions Métailié
304 pages Métailié 12 janvier 2024
#Premièresplumes #NetGalleyFrance
Il semble en effet que les pies soient des prédatrices opportunistes qui mangent parfois les œufs et les petits d'autres oiseaux, mais alors pourquoi les crécerelles, les buses, les éperviers, les chouettes, les chats et, surtout, les humains, ne sont-ils pas haïs et chassés avec une même ferveur ?
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Je m'aperçois que, ou que nous allions, les corbeaux nous observent, prennent note de nos habitudes, de nos faiblesses, de nos tendances au gaspillage. Cette observation leur a permis de s'adapter à la force écologique la plus puissante et la plus destructrice de la planète : nous. Et pas seulement pour survivre–pour prospérer.
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J'ai parfois l'impression qu’on peut deviner le poids des soucis d'une personne à la taille du sable de pain qu'elle apporte pour les oiseaux.
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Prendre soin des autres peut aller trop loin, de devenir une captivité.
Né en 1989, Charlie Gilmour a grandi à Londres et dans le Sussex. Il a fait des études d’histoire à Cambridge. Son premier récit, Premières plumes, best-seller en Grande-Bretagne et célébré par la critique, est en cours de traduction en plusieurs langues.
"J'ai parfois l'impression qu’on peut deviner le poids des soucis d'une personne à la taille du sable de pain qu'elle apporte pour les oiseaux" : ça a l'air magnifique ! Je ne suis pas très "oiseau de compagnie" mais je vais peut-être me laisser tenter !
RépondreSupprimeril vaut le coup, franchement !
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