Xavier-Marie Bonnot
« Selon le Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme, 306 887 civils ont été tués en Syrie, entre le 1er mars 2011 et le 31 mars 2022, pour une population d’environ dix-neuf millions en 2018 »
Ces chiffres peuvent effrayer, et nous renvoie à ce lieu commun de l’absurdité de toute guerre, quels que soient les opposants. Mais lorsque le roman met en scène des personnages, fictifs ou non, des individualités confrontés aux souffrances, au deuil, à la folie, ces données prennent une autre dimension.
Le personnage principal hante le terrain de tous les dangers, mal abrité derrière le prisme de ses objectifs, mal protégé de l’horreur par le cadrage, et l’obsession de la photo dont le hors champ parle plus que ce qui apparait.
C’est à Raqqa qu’il croise le chemin de Marie, que rien ne destinait à revêtiri le voile et à prier cinq fois par jour un dieu dont elle vient de découvrir la toute-puissance.
Pas de pensée unique dans ce roman bouleversant, la parole est donnée à tous, combattants pour une cause dont ils ont hérités, ou choix difficiles à légitimer. Pas question non plus d’ignorer les conséquences à distance, les attentats qui nous ont endeuillés. On peut envisager une analyse simple, le mal face au bien, le noir et le blanc, mais l’une des forces de ce roman est justement de montrer que rien n’est limpide.
Le sujet a été souvent traité, mais rarement avec une telle lucidité et un tel impact émotionnel. Sans oublier la qualité remarquable de l’écriture.
320 pages Récamier 4 janvier 2024
Une porte de prison va s'ouvrir, une jeune femme attend un photographe. La haïr est facile ; la comprendre, c'est se mettre devant un miroir, y voir les échecs d'une époque, la dérive d'un siècle.
*
Quand la France a reconnu le génocide des Arméniens, la Turquie lui a balancé, comme une gifle, en retour, les milliers d'Algériens passé au laminoir colonial. On trouve toujours un massacre à reprocher aux autres.
*
Le soleil écrase de blancheur, la banlieue de Raqqa. Le vent rampe sur les décombres des maisons. Dans la lumière qui part en poussière, la rue frémit, féroce et désolée. Une tôle se balance en couinant, au bout d'une poutre qui perce un toit défoncé. Il règne une odeur amère de fioul et de cordite.
*
Tu sais, on ne s'en rend pas vraiment compte, mais on a toujours le passé devant soi. On avance à reculons… On n’est jamais seul avec sa mémoire.
« Selon le Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme, 306 887 civils ont été tués en Syrie, entre le 1er mars 2011 et le 31 mars 2022, pour une population d’environ dix-neuf millions en 2018 »
Ces chiffres peuvent effrayer, et nous renvoie à ce lieu commun de l’absurdité de toute guerre, quels que soient les opposants. Mais lorsque le roman met en scène des personnages, fictifs ou non, des individualités confrontés aux souffrances, au deuil, à la folie, ces données prennent une autre dimension.
Le personnage principal hante le terrain de tous les dangers, mal abrité derrière le prisme de ses objectifs, mal protégé de l’horreur par le cadrage, et l’obsession de la photo dont le hors champ parle plus que ce qui apparait.
C’est à Raqqa qu’il croise le chemin de Marie, que rien ne destinait à revêtiri le voile et à prier cinq fois par jour un dieu dont elle vient de découvrir la toute-puissance.
Pas de pensée unique dans ce roman bouleversant, la parole est donnée à tous, combattants pour une cause dont ils ont hérités, ou choix difficiles à légitimer. Pas question non plus d’ignorer les conséquences à distance, les attentats qui nous ont endeuillés. On peut envisager une analyse simple, le mal face au bien, le noir et le blanc, mais l’une des forces de ce roman est justement de montrer que rien n’est limpide.
Le sujet a été souvent traité, mais rarement avec une telle lucidité et un tel impact émotionnel. Sans oublier la qualité remarquable de l’écriture.
320 pages Récamier 4 janvier 2024
Une porte de prison va s'ouvrir, une jeune femme attend un photographe. La Aï est facile ; la comprendre, c'est se mettre devant un miroir, y voir les échecs d'une époque, la dérive d'un siècle.
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Quand la France a reconnu le génocide des Arméniens, la Turquie lui a balancé, comme une gifle. En retour, les milliers d'Algériens passé au laminoir colonial. On trouve toujours un massacre à reprocher aux autres.
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Le soleil écrase de blancheur, la banlieue de Raqqa. Le vent rampe sur les décombres des maisons. Dans la lumière qui part en poussière, la rue frémit,, féroce et désolée. Une tôle se balance en couinant, au bout d'une poutre qui perce un toit défoncé. Il règne une odeur amère de fioul et de cordite.
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Tu sais, on ne s'en rend pas vraiment compte, mais on a toujours le passé devant soi. On avance à reculons… On n’est jamais seul avec sa mémoire.
Xavier-Marie Bonnot est un écrivain et réalisateur de documentaires français, né en 1962.
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