Hervé Le Tellier
Ce récit d’Hervé Le Tellier n’a pas grand chose à voir avec un roman, ou alors il faudrait modifier la définition de ce terme. Ce ne sont pas les quelques épisodes imaginés pour combler les inconnus dans la vie d’André Chaix qui changent le fond du propos.
Cependant quel plaisir à parcourir ce texte ! Quel bel hommage rendu à celui qu’une gravure malhabile sous une céramique aura fait sortir de l’oubli ! Et quelle belle occasion de rappeler ce que fût cette période trouble de notre histoire et de remettre l’église au milieu du village en ce qui concerne l’allégeance de certains politiques de l’époque, non pas seulement au régime mais aux idées véhiculées par l’assaillant.
Non seulement la documentation est impressionnante, mais l’humanité qui se dégage de ces lignes est réconfortante. Malgré la preuve, inutile tant d’autres guerres et d’autres abominations ont fini par me convaincre, du fonctionnement absurde de notre communauté d’humains, qui n’ont de différence avec leur ancêtre primitifs que la technologie qui les asservit sans les faire évoluer sur le plan de la violence et de la volonté de pouvoir, on se dit que la parole qui dit la bonté possible est bonne à prendre.
André Chaix a connu le même sort que des milliers d’autres résistants, qui n’auront pas eu la chance d’avoir attirer l’attention d’un auteur. Son destin s'est vu éclairé par la prose talentueuse d'une de nos meilleurs écrivains.
171 pages Gallimard 4 avril 2024
Sans doute, toutes les vies sont romanesques. Certaines plus que d’autres.
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L'alinéa est toujours une décision littéraire, elle est parfois esthétisante, et je crains soudain l'insincérité derrière l'effet de style, quand le meilleur style doit se faire oublier. Pardonnez-moi par avance si il m'échappe une phrase trop grosse, une tournure indécente, affectée, une métaphore s’échouant dans le lyrisme ou dans la grandiloquence. J'ai essayé de ne pas, même si parfois j'ai eu envie de.
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Mais je suis, je ne suis pas retourné au cimetière, de peut-être, si je devais retrouver l'emplacement, de donner vie à à sa mort. André sera à jamais un homme sans concession.
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Le troisième Reich devait durer, Milan, ce sera douze. Mais ces douze ans suffiront pour façonner des hommes et des femmes terribles. Le nazisme a catalysé chez certains spécimens d'humanité, leur extraordinaire aptitude à l'inhumanité. Il nous pose sans cesse la question de savoir ce qu'est un homme, ce qui le meut.
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On se tromperait en croyant que beaucoup sont passés entre les mailles du filet. Il n'y avait plus de filet parce qu'on ne souhaitait pas qu'il y a eu. Les États-Unis, tout à leur guerre froide contre les Soviétiques, mettaient en place l'opération « Paperclip ». Il s'agissait d'exfiltrer et de recycler les anciens nazis, certes, excessifs dans l’ antisémitisme, mais anticommunistes de première qualité.
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Cet automne de 1972, alors que je lisais le livre de Primo Levi, un parti était fondé, le 5 octobre exactement, le « Front National ». On parle évidemment du « nouveau », pas du vrai, celui de la résistance, l'extrême droite, ayant toujours aimé, brouiller les repères, défaire le sens des mots, et les salir au passage.
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