Delphine Minoui
Porte t-elle bien son prénom, l’officieux, celui donné par la mère et qui signifie « mauvais genre » ? Pourtant Zahra, prénom officiel donné par un père si désappointé de voir naître une fille, n’aurait rien à se reprocher si elle vivait dans un pays où aller tête nue n’est pas un crime. Arpenter les rues de Chiraz les cheveux au vent, sans risquer de se retrouver au poste de police, refuser le statut de prisonnière, et de se cantonner au bon vouloir de son père en ce qui concerne son avenir…
Autour de ce thème central du statut d’esclavage des femmes dans ces pays où la religion fait office de loi, c’est la révolte d’une adolescente qui perçoit avec acuité l’injustice. La mort d’une étudiante rebelle met le feu aux poudres et Badjens part en guerre contre les aberrations du système.
Comment ne pas se ranger du côté de cette jeune fille, mais aussi de toutes les femmes asservies ? On salue leur courage, elles risquent gros et on espère que leur nombre et leur obstination les libèrera un jour d’un destin qu’elles n’ont pas choisi.
Un roman nécessaire, écrit avec une plume vive et aussi révoltée que l’adolescente à qui la parole est donnée. L’autrice des Passeurs de livres de Daraya a fait son chemin et nous séduit parution après parution
160 pages Seuil 19 août 2024
Lu pour le Prix Landerneau 2024
Les mots sont des armures contre la prison de nos maux.
*
Je suis une enfant de Shiraz.
Je suis la fille mort-née d'un pays qui m'a fantomisée.
J'exige de vivre.
Quitte à mourir pour être vue.
Je revendique mon genre, « bad », ou « good », rien à foutre !
Je ne crains plus mon ombre.
Ni mon père.
Ni le souvenir de mon cousin pervers.
D'origine iranienne, lauréat du prix Albert Londres et grand reporter au Figaro, Delphine Minoui, couvre depuis 25 ans, l'actualité du Proche et Moyen-Orient.
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