Abonnés

Qui est coupable ? ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Hazell Ward 












Voilà un polar ou plutôt comme le qualifie l’auteur, un roman à énigme bien original ! Certes, un meurtre a été commis et on est donc à la recherche d’un coupable. Mais ce n’est pas le plus important. 


« les lecteurs n'ont rien à faire du crime. Ou de la victime. Ils n'ont pas grand-chose à faire non plus de qui commet le crime. Ou de comment il l'a commis. Ou même de pourquoi il l'a commis. Le roman policier parle de celui qui mène l'enquête. Ce qu'il dit découvrir est presque accessoire. »


Ce détail étant réglé, il faut savoir que le lecteur va être mis à contribution, pour ne pas laisser les indices savamment disséminés dans le texte, ça, c’est classique. Mais ce n’est pas tout. Il vous faudra vous munir d’un crayon et votre livre ne sera plus présentable, hors de question de le prêter. Car vous allez avoir des questionnaires à remplir, des lettres à rédiger (parfois assez personnelles : raison de plus de ne pas refiler l’ouvrage ensuite !). Une participation bien active donc ! Le tout assaisonné d’humour et d’autodérision, qui rendent le roman aussi drôle qu’inventif.


Une série de personnages sont présentés au début, sur les lieux de ce fameux crime qui a eu lieu trente ans plus tôt,  autour d’une table, dressée pour des convives (on a le droit  à l’énoncé du menu), autour de laquelle les protagonistes vont s’exprimer. 


Un polar = un enquêteur. Personnage central nous a dit l’auteur. On vous présente Max Enygma (à moins qu’il ne se nomme Monty Egg). Un détective aussi caricatural que son nom ! J’en profite pour dire un mot des noms de personnages : vous y trouverez un Gaston Leroux et un Wilkie Collins, au passage. Enygma a des idées bien arrêtées et un don certain pour orienter ses interrogatoires. Il est cependant fragile, d'autant qu'il subit lors de ce séjour dans le manoir une intoxication au plomb ! 


Hormis un ventre mou au centre du roman, lorsque Enygma interroge les différents témoins, répétant des notions déjà évoquées, l’intérêt du lecteur est à nouveau sollicité lorsqu’il doit reprendre son crayon ! Et répondre à des QCM, au stratagème clair comme de l’eau de roche dans la façon d’orienter les réponses. 


Le roman est donc en apparence le résultat d’une co-construction auteur-lecteur. N’oublions pas cependant que : 


Nous sommes le narrateur. Dieu, c'est l'auteur. Mais nous travaillons pour l'auteur. Donc nous sommes voisins de Dieu. Ce qui signifie qu'on peut faire tout ce qu'on veut.



Un certain nombre de réflexion sur les romans et la littérature  en général vous arracheront un sourire de temps à autre :


Le but d'un roman est de raconter à ses lecteurs, une histoire vraie au sujet de personnages, qui n'ont jamais vécu, dans un monde qui n'a jamais existé.


ou


Pas de sexe, s'il te plaît, nous sommes des lettrés. Dans les livres les passages où il y a du sexe sont toujours affligeants


Quant au meurtre qui est le noyau du roman, les indices menés vous permettront-ils de la résoudre. Allez, prenez votre crayon !


Merci à Netgalley et aux éditions Sonatine 


544 pages Sonatine 9 octobre 2025

TO Game is murderer 

Traducteur : Paul-Simon Bouffartigue 

#Quiestcoupable #NetGalleyFrance 







« les lecteurs n'ont rien à faire du crime. Ou de la victime. Ils n'ont pas grand-chose à faire non plus de qui comme il le crime. Ou de comment il l'a commis. Ou même de pourquoi il l'a commis. Le roman policier parle de celui qui mène l'enquête. Ce qu'il dit découvre est presque accessoire. »


*


Le but d'un roman est de raconter à ses lecteurs, une histoire vraie au sujet de personnages, qui n'ont jamais vécu, dans un monde qui n'a jamais existé.


*



Nous sommes le narrateur. Dieu, c'est l'auteur. Mais nous travaillons pour l'auteur. Donc nous sommes voisins de Dieu. Ce qui signifie qu'on peut faire tout ce qu'on veut.


*




Comment peut-on deviner ce qui n'est pas là ? Comment choisir, parmi les millions de choses qui pourraient être là, la seule et unique, chose qui devrait être là ? On ne peut pas. Et l'auteur le sait.

Il se fout de votre gueule, tout simplement



Hazell Ward


Formatrice pour adultes pendant de nombreuses années, Hazell Ward a ensuite travaillé pour une association caritative dans une zone défavorisée, accompagnant des jeunes adultes pour les encourager à poursuivre des études ou à travailler, et pour les aider à réaliser leurs rêves.

"Qui est coupable ?" ("The Game is Murder", 2025) est son premier roman.


Mortel Noël ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Denis Michelis 











Même si le sapin qui  orne la pièce principale du chalet-témoin  est magnifique, la magie de Noël n’est pas au rendez-vous. Si  l’on en croit Oliver,  ado rebelle qui rechigne à accompagner sa mère et son nouveau compagnon, Klaus, des faits étranges sont à déplorer : l’attitude suspecte d’Amer, préposé aux petits boulots divers et variés dans la maison, la cave fermée avec interdiction de s’y rendre, plus le fait que la précédente épouse du potentiel beau-père a disparu d’un coup alors qu’elle était plutôt du genre harceleuse…Les indices sont alarmants. La mère ne veut rien entendre, et met sur le dos de la crise existentielle de l’ado toutes ces élucubrations qui ne reflètent que son mauvais caractère. 


"Chalet chelou. Voilà tout ce que j'ai eu la force d'écrire hier soir à notre arrivée. Nuit noire, insondable. Même pas faim. Sur mon petit balcon, j'ai fumé en 2-2 un joint minuscule, le regard rivé sur les ténèbres, froides et piquantes, et je suis allé me pieuter direct."



Pour ajouter à l’ambiance, Oliver se passionne pour la lecture d’histoires glauques. 


C’est par le journal d’Oliver que l’on suit le déroulement de ce court thriller de Noël. L’humour est au rendez-vous cependant : porté par les propos de l’adolescent, mais aussi par la description des personnages suffisamment caricaturaux pour prêter à sourire. 


Pas besoin de flic perspicace, c’est aussi l’ado qui dénouera l’intrigue. 


Très différent des autres romans de l’auteur , Mortel Noël est une farce réjouissante, qui refuse de se prendre au sérieux,  pour en finir avec l’illusion de la trêve des confiseurs 


A mettre dans tous les chaussons au pied du sapin. 


Merci à Netgalley et aux éditions Noir sur Blanc 


140 pages NSB 2 octobre 2025

#MortelNoël #NetGalleyFrance









Chalet chelou. Voilà tout ce que j'ai eu la force d'écrire hier soir à notre arrivée. Nuit noire, insondable. Même pas faim. Sur mon petit balcon, j'ai fumé en 2-2 un joint minuscule, le regard rivé sur les ténèbres, froides et piquantes, et je suis allé me pieuter direct.


*


Des milliers de fois, j'ai voulu faire demi-tour. Quelque chose m'en empêchait, un état quasi hypnotique, une force surgie de je ne sais où, je crois aussi avoir entendu une voix. Hyper grave, dépourvue de tonalité. Oliveeeeer… La voix m’ordonnait de m'enfoncer toujours plus profondément. Oliveeeeer. Je me vois encore effleurer les murs luisant d'humidité, sur lesquels glissaient des ombres aux formes biscornues et indéfinissables.



Né en 1980, Denis Michelis est un romancier français. Son roman Encore une journée divine a été adapté pour le théâtre. 


Lire aussi, du même auteur 


Encore une journée divine 


Amour fou 


Le roi des cendres ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 S.A. Cosby











La cible est claire : S.A Cosby vise les amateurs de romans noirs, bien noirs.! 


En Virginie, Jefferson Run est une petite ville, pas tranquille du tout. Après avoir été délaissée par les industries qui assuraient un revenu aux habitants des lieux, ce sont les pourvoyeurs de drogue qui règnent en maitre sur le secteur. Dante est l’une des victimes de cette recherche de paradis artificiels , et comme toujours, tôt ou tard le coût de la consommation l’amène à s’immiscer du côté obscur de l’affaire. 

C’est ce que découvre son frère ainé qui réussit avec brio dans la finance, lorsqu’il revient dans la maison familiale, alors que leur père vient de subir un accident de voiture qui l’a plongé dans le coma. Sa soeur continue à s’occuper de l’affaire familiale : une entreprise de crémation. 

 

Ces trois personnages vont chacun à leur façon tenter de se sortir du mauvais pas où Dante s’est engagé. 


Tout se cristallise autour de la personnalité de Roman, le frère aîné. Sûr de lui, doué, tout lui réussi. Il aime les challenges et là, il va être servi. Mais on découvrira aussi des côtés plus sombres, dans sa vie sentimentale , mais aussi lorsque le but justifie tous le moyens, y compris la violence, ou au moins la tolérance de cette violence vis à vis de ceux qu’il veut prendre à leur propre jeu. Son empathie est réservée à ses proches, pour qui il est prêt à n’importe quoi. 


On n’oublie pas que l’on va avoir à faire avec des méchants très méchants, qu’il vaut mieux ne jamais croiser sur sa route …


Mais le roman ne se résume pas à la guerre des gangs et à l’implication de Roman dans ce trafic. Des événements familiaux seront aussi évoqués et résolus…


En marge de cette sombre intrigue, une histoire d’amour, impossible bien sûr ou au moins dangereuse…


De la violence, de l’amour aussi, et une analyse fine des forces en présence, sur fond de misère urbain et d’addiction, tous les ingrédients sont au rendez-vous, pour une lecture marquante.


Merci à Netgalley et aux éditions Sonatine 


544 pages Sonatine 2 octobre 2025 

#LeRoidescendres #NetGalleyFrance







Sous le plateau de fruits de mer, on avait disposé des feuilles de journal pour protéger la table. Roman songea d'ici quelques années, ce serait la seule raison pour laquelle des gens achèteraient encore un journal.


*


Le destin est un train lancé à pleine vitesse. Parfois on a le temps de traverser devant lui, parfois c'est lui qui nous traverse.


*


On n’aime pas nos parents parce qu'ils sont parfaits, mais parce qu'ils persévèrent  malgré leurs imperfections. La grâce demeure inaccessible, la beauté réside dans le fait d'essayer de l’atteindre.


 

S. A. Cosby


Avec Le Sang des innocents, lauréat du Grand Prix des lectrices de ELLE 2024, S. A. Cosby s'est définitivement imposé comme le nouvel auteur incontournable du roman noir. Il aborde ici le paradis et l'enfer des liens familiaux à travers une intrigue à la fois palpitante et terriblement humaine, qui dresse un état des faits sans concession aucune de l'Amérique contemporaine. On peut parler de chef d'œuvre !


Un calme blanc ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Ragnar Jónassson











Joie de retrouver Helgi Reykdal , enquêteur de La mort en blanc dans ce deuxième opus de la trilogie blanche. On a eu le temps lors du premier tome de s’attacher à ce jeune policier amateur de littérature ! D’ailleurs il devient copropriétaire d’une librairie, qui est son refuge lorsque la tempête fait rage. Et cette tempête répond au nom de Bergthóra, son ex, qui n’a pas accepté leur rupture et est toujours en proie à ses démons. 


Pourtant le roman s’ouvre sur un interview dont on aura tout au long du récit des extraits, qui permettront de comprendre qui est Elin S Jònsdòttir, l’autrice de polar sous le joug des questions, celle-là même qui vient de disparaître sans laisser de traces. Cette interview est en fait un miroir qui nous renvoie l’image de Ragnar Jonasson lui même, et qui se confie à son lectorat  ! 


Une très belle enquête, émaillée de références littéraires, et menée avec beaucoup de savoir-faire par notre enquêteur bibliophile. 


L’intrigue se construit à la façon d’un puzzle, dont chaque pièce apporte un éclairage nouveau à l’histoire de la disparue. L’intérêt se focalise bien sûr sur tous ceux qui pouvaient tirer bénéfice de l’affaire. Mais les accidents de randonnée sont aussi fréquents dans ces paysages islandais escarpés, et on ne peut éliminer d’emblée un faux pas fatal. 



Il faudra toute la lucidité d’Helgi pour comprendre et élucider le mystère. 


Une autre menace hante les lignes, puisque Bergthòra s’en prend à Marina, la nouvelle compagne d’Helgi , en la harcelant jusque chez elle…



Un excellent opus, une belle enquête et un fil rouge avec la vie sentimentale d’Helgi : de quoi espérer que le troisième tome ne tarde pas à être traduit ! 


Merci à Netgalley et aux éditions de la Martinière 



384 pages Editions de la Martinière 3 octobre  2025

#Uncalmeblanc #NetGalleyFrance

Traduction : Jean-Christophe Salaûn 

TO Hvitalogn







Je lis énormément. Dès que j'ai un moment de libre, je prends un bouquin. C'est mon moteur, ça me permet de rester jeune. Voilà quoi sert la littérature : il nous fait voir des lieux qu'on ne peut visiter autrement, explorer des mondes imaginaires.


*


À certains moments, comme celui-ci, il avait la sensation de ne pas être fait pour ce travail. Ces tragédies incessantes. C'était le mystère qui l'aimait, le défi de repérer ce qui échappait aux autres, d'assembler des faits, des intuitions et des indices. En vérité, ce qui le passionnait le plus dans son métier d'inspecteur, reflétait ce qu'il cherchait dans ses romans à énigmes bien-aimés.


*


Ainsi, fonctionne  l'esprit humain : des liens indirects et flous éveillent  toutes sortes d'idées. Impossible d'aborder une telle enquête–n'importe quelle enquête–de manière parfaitement objective. La page blanche n'existait pas.


Ragnar Jónasson



Ragnar Jónasson est un écrivain islandais, auteur de romans policiers.


Lire aussi :


Sòtt Huis clos à Siglufjördur


La mort en blanc


Reykjavik


Dix âmes, pas plus


Article le plus récent

Qui est coupable ? ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Articles populaires